2021 : 6 mars : Déconstruction d'Alice Coffin.

Les mouvements en "isme" ont une fâcheuse tendance à abriter et laisser prendre beaucoup trop de place à toutes sortes d'opportunistes aux motivations diverses, de déséquilibrés paranoïaques, d'arrivistes de tous poils. J'ai pu le constater au sein de certains mouvements en "isme" que j'ai fréquentés, et qui gardent ma sympathie sur le plan des idées, de certaines idées car il ne faut pas être inconditionnel, même si j'ai physiquement pris quelques distances, épouvanté par la facilité avec laquelle ces milieux se laissent phagocyter par les parasites et les grandes gueules.

Dans le cas du féminisme, ma distance de sécurité est devenue au moins kilométrique. En cela je me suis fortement rapproché des positions de certaines grandes figures comme Doris Lessing ou Marguerite Yourcenar, mais c'est un autre sujet. J'espère y revenir.

Il y a quelques mois j'avais écrit un article dans ce blog pour dire tout le bien que je pensais de "l'infemme" Mona Chollet et de son "bizness" éditorial autour des sorcières, à l'usage des gogo.e.s. En ce 8 mars je voudrais brièvement déconstruire une autre érynie du féminisme, qui a déjà défrayé la chronique, Alice Coffin.

Je mettrai en exergue ce qu'en dit Caroline Fourest, elle aussi féministe et lesbienne, mais d'une toute autre trempe et qui a toute mon estime, tant ses analyses concordent en général avec les miennes : "Je suis atterrée par cette approche essentialiste, binaire et revancharde qui abîme des années de révolution subtile et flatte les clichés antiféministes". 

Ainsi flinguée par Fourest, Coffin n'aurait plus besoin d'autre attaque, mais je vais tout de même en remettre une couche, par pure bêtise et méchanceté.

Parmi les outrances de Coffin, il en est une bien connue, sa sortie sur le fait qu'être lesbienne la protègerait de la violence conjugale. Aller faire des démonstration féministo-lesbiennes sur télé-Poutine est assez bizarre, mais passons... (Les Pussy Riot apprécieront cette manifestation de sororité)

Le problème c'est que cette déclaration est démentie par toutes les études sur le sujet : il est bien connu et reconnu même dans la presse homo, que la prévalence de la violence conjugale est plus forte chez les homo que chez les hétéro. On n'en tirera aucune conclusion à leur encontre, il ne s'agit pas ici de porter des jugements, ni de faire la morale à qui que ce soit, ou de généraliser ce qui reste minoritaire, tant chez les homo que chez les hétéro. Qu'il soit bien clair que la violence conjugale est minoritaire chez toutes les catégories de couples.

Toutefois le fait est là, et même le magazine Têtu, pas franchement homophobe, se réfère à une étude canadienne sur le sujet qui en 2004 concluait que 15% des gays et lesbiennes étaient confrontés à de la violence conjugale, contre 7% chez les hétéro. Le double ! Même en admettant des biais, des échantillons trop petits, ou ce qu'on voudra, une simple égalité entre homos et hétéros suffirait à démolir le discours haineux de Coffin. Surtout que les études ne manquent pas !

Quand la violence conjugale frappe les couples de même sexe

La prévalence à vie de la violence conjugale chez les couples LGB semble être similaire ou supérieure à celle des hétérosexuels: 61,1% des femmes bisexuelles, 43,8% des femmes lesbiennes, 37,3% des hommes bisexuels et 26,0% des hommes homosexuels ont vécu de la violence domestique au cours de leur vie...

https://www.7millionsdemousquetaires.ca

Violences conjugales: un tabou dans les couples gays et lesbiens

Pour lui, ça a été un coup de foudre. Tout commence en 2015. Lorsqu'il rencontre Romuald (1), à l'occasion d'un événement professionnel, Max tombe tout de suite sous le charme de son sourire mutin et de ses belles paroles. Cinq semaines plus tard, les trentenaires emménagent dans un loft du quartier latin.

https://www.lexpress.fr

L'impensé des violences conjugales au sein des couples LGBT+

Temps de lecture: 7 min "La plus grosse crise a eu lieu un mois de février, nous étions ensemble depuis un peu plus de trois ans, témoigne Marc, 23 ans à l'époque des faits. Je ne me souviens plus pourquoi nous nous disputions, je sais simplement que Lucas m' a balancé un bibelot, auquel je tenais énormément, qui s' est brisé à mes pieds.

http://www.slate.fr

Personnes LGBT | INSPQ

Contexte de vulnérabilité : Personnes LGBT Avec la collaboration de Sylvie Thibault, Ph.D., professeure au Département de travail social de l'Université du Québec en Outaouais Faits saillants Les communautés lesbiennes et gaies ont une culture et un mode de vie qui leur est propre notamment sur le plan de la conjugalité et de la violence qui peut y être vécue4,5.

https://www.inspq.qc.ca

Enfin une campagne sur les violences conjugales entre femmes ! - Fédération LGBTI+

Grâce à l'action des mouvements féministes, le sujet des violences conjugales ne pourra plus être relégué au fond du placard. Le mouvement LGBTI+ entend à son tour contribuer à la lame de fond de la libération de la parole. Partant du constat qu'il existe très peu de ressources sur le sujet qui soient spécialement adressées [...]

https://federation-lgbti.org

N'en jetons plus, le lecteur curieux trouvera tout cela et bien plus sur internet.

L'imposture, le mensonge éhonté de la "géniale lesbienne" Alice Coffin est assez démontré : les chiffres absolus ne sont faibles que dans la mesure où les couples homosexuels sont très minoritaires dans la population globale. Dans le monde idéal d'Alice Coffin, peuplé uniquement d'homosexuels, on pourrait avoir jusqu'à deux fois plus de morts par violences conjugales que dans le contexte actuel. CQFD. 

Ce n'est pas là sa seule outrance, je mets en lien ci-dessous la manière misérable dont elle n'est pas arrivée à se dépétrer d'un questionnement intensif sur ses idées en matière de censure et de liberté d'expression. On pourrait juste en rire, jaune, si cette mouvance répugnante n'était aussi influente au sein d'EELV, ce qui rend absolument inenvisageable que l'écologie politique puisse peser sur l'avenir du pays. C'est bien triste pour moi qui ai voté autrefois pour Dominique Voynet, Eva Joly ou Christiane Taubira d'en arriver à cette impasse. Le dégoût qu'inspire le "féminisme lesbien" d'Alice Coffin va faire élire une femme à l'Elysée, Marine Le Pen. 

Pour finir sur une note d'optimisme, je dirai que chaque fois que j'entends Alice Coffin, je me demande combien de couples sont en train de forniquer et d'orgasmer tout autour de la planète à ce moment précis, sans savoir qu'elle existe, sans prêter la moindre parcelle d'attention à ses pathétiques élucubrations.

POST-SCRIPTUM en octobre 2022 : On attend encore l'explication du mécanisme patriarcal à l'oeuvre dans les violences entre lesbiennes, car il y en a un, forcément. 

#MeTooLesbien, le mouvement qui dénonce les violences entre femmes

"Il y a quelques années j'étais en couple avec une femme très féministe. Elle a rapidement des comportements qui me gênent : elle fouille dans mon téléphone la nuit, quand je dors, me réveille pour me reprocher d'écrire trop amicalement à des amis, me fout dehors, a plusieurs accès de violence dont un, un soir, où elle manque de m'écraser sur un parking après m'avoir suivie à mon insu", développe un autre témoignage.

https://www.terrafemina.com