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Dix ans de retard
8 avril 2023

2023 : 8 avril : Lectures d’un hiver laborieux 2022-2023, Ursula Le Guin.

ursula le guin

 

Je suis rentré début décembre de la Feria del Libro de Montevideo 2022, avec une belle petite vendange de livres. L’ennui, c’est que je n’avais pas encore lu toute la récolte ramenée lors de l’édition 2019. Et puis, je revenais avec la confirmation de l’accord entre l’éditeur uruguayen Fin de Siglo et l’éditeur parisien Présence africaine pour la traduction du roman « Gloria y tormento » de Jorge Chagas, projet que je portais depuis 2019.

Sitôt arrivé à Valencia, il fallait m’atteler à cette traduction, la plus longue que j’aie jamais entreprise, et tenir les délais. J’ai donc pris la bonne résolution de ne pas lire d’autre livre avant d’avoir fini la traduction. Au bout de deux semaines environ, j’ai réalisé que cette « bonne résolution » serait intenable. J’ai donc changé mon fusil d’épaule et opté pour une lecture à long terme et petites doses quotidiennes, assez éloignée de l’univers de ma traduction pour me dépayser. Trois romans en un seul volume de poche, du cycle de Terremer, m’attendaient depuis longtemps sur une étagère, c’était le moment !

Il y a déjà une bonne douzaine d’années que j’ai lu « La main gauche de la nuit » qui m’a laissé un souvenir inoubliable, surtout le long voyage des deux protagonistes seuls à travers des contrées glacées. Ce roman est un chef d’œuvre qui échappe à toutes les frontières des genres littéraires, sa lecture a suffi à me convaincre qu’Ursula Le Guin aurait bien mérité un prix Nobel (heureusement, elle en a collectionné plein d’autres).  

J’hésitais à me jeter dans les eaux de Terremer, tenté par ce monde insulaire et pré-médiéval où l’aventure maritime était prépondérante, mais un peu refroidi par le côté « fantasy », les mages et les dragons qui ne sont pas ma tasse de thé.  

Le volume que j’avais acheté d’occasion regroupe trois romans (et aucune nouvelle) du cycle : «Le sorcier de Terremer », « Les tombeaux d’Atuan » et «L’ultime rivage ». Cette lecture par petites gorgées m’a accompagné tout l’hiver, à Valencia et dans d’autres coins d’Espagne quand nous prenions quelques jours de vacances. Si certains lecteurs se plaignent parfois de la lenteur de l’action dans ces romans, elle s’adaptait parfaitement à mon rythme. La minutie dans la construction des cultures de ce monde complexe, l’économie d’effets spectaculaires, la profondeur des personnages même secondaires, les fils qui se renouent d’un livre à l’autre, tout ça est de la belle ouvrage ! Toute la première moitié des « Tombeaux d’Atuan » est particulièrement réussie, l’entrée dans ce monde souterrain d’une obscurité absolue est saisissante ! Le village dérivant dans « L’ultime rivage » est assez fascinant lui-aussi. On comprend qu’Ursula Le Guin a fait un excellent usage de sa culture ethnographique. 

Une réserve, peut-être, c’est qu’il faut parfois que le lecteur en rajoute dans la « suspension consentie de l’incrédulité » à propos de certains détails, comme le fait que ces peuples navigateurs n’aient pas encore découvert que leur planète est ronde. Et pas très grande, si l’on en croit la carte dessinée par l’auteur. La réponse à mon scepticisme est peut-être dans un texte que je n’ai pas encore lu. Alors il faudra que je continue à lire Ursula Le Guin ! 

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